Chrétiens, le monde nous regarde
- Estelle Fakam
- 11 sept.
- 4 min de lecture

Nous vivons dans une société où chaque geste, chaque parole, chaque engagement est scruté, commenté, parfois même critiqué. Et cela est encore plus vrai pour nous, chrétiens. Que nous le voulions ou non, le monde nous regarde.
Saint Paul le disait avec force :
« La création tout entière attend avec impatience la révélation des fils de Dieu » (Rm 8,19).
En d’autres termes : nos contemporains espèrent — parfois en silence, parfois de manière brutale — que nous soyons vraiment ce que nous proclamons être. Même s’ils ne comprennent pas toujours ce qu’être chrétien signifie, ils attendent de nous un signe de cohérence.
Chrétiens, notre vie parle plus que nos mots
Un proverbe africain dit : « Les actes parlent plus fort que la bouche. »
Et c’est exactement ce que le monde attend de nous. Bien sûr, nos paroles comptent. Nous devons annoncer la Bonne Nouvelle. Mais aujourd’hui, beaucoup restent méfiants face aux discours religieux. Ce qu’ils veulent voir, c’est si la foi transforme réellement une vie. Et c’est là que tout se joue :
Si nous prions mais restons fermés aux autres, nos mots perdent leur force.
Si nous parlons d’amour mais jugeons sans cesse, notre témoignage s’effondre.
Si nous proclamons l’espérance mais vivons dans le pessimisme, qui nous croira ?
Jésus Lui-même a été clair :
« Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais en faisant la volonté de mon Père » (Mt 7,21).
Autrement dit : la foi se vérifie dans le concret de nos vies. Dans le regard d’un collègue au travail, dans la rencontre avec un voisin, dans la présence à un ami en détresse. C’est pourquoi saint Jacques insiste :
« Montre - moi donc ta foi sans les œuvres, moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai ma foi » (Jc 2,18).
Il ne s’agit pas d’être parfaits, mais de laisser nos gestes, nos attitudes, nos manières d’aimer parler en cohérence avec l’Évangile.
Une attente parfois démesurée
Soyons lucides : le monde pose sur nous un regard souvent plus sévère que sur les autres. On nous demande d’être irréprochables, sans faille, parfaits dans notre manière de vivre. Le moindre faux pas devient une excuse pour dire que la foi « ne sert à rien ».
C’est lourd à porter. Nous ne sommes pas des anges, mais des hommes et des femmes fragiles, pécheurs comme tout le monde. Et pourtant, cette exigence n’est pas anodine.
Car si la société est si intransigeante avec les chrétiens, c’est parce qu’elle espère davantage de nous. Elle veut voir en nous un reflet du Christ. Elle a besoin de croire que l’amour, la bonté, la justice que nous annonçons ne sont pas de simples slogans. Et lorsqu’elle constate nos incohérences, elle se sent trahie.
Au fond, cette dureté n’est-elle pas un cri ? Le cri d’un monde blessé qui cherche la lumière? Le cri d’une génération en quête d’authenticité ? Le cri des cœurs qui ne connaissent pas Dieu, mais qui désirent, sans le savoir, le voir vivre en nous?
Saint Paul l’a écrit avec des mots bouleversants :
« La création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement » (Rm 8,22).
Ces gémissements sont aussi ces attentes parfois excessives : une soif de vérité, d’amour, de sainteté, qui s’exprime maladroitement sous forme d’exigence.
Oui, cela peut nous blesser. Oui, cela peut nous décourager. Mais ce regard intransigeant peut aussi devenir une clé : il est un appel à la cohérence et une invitation à nous enraciner toujours plus dans le Christ. Non pas pour être parfaits aux yeux du monde, mais pour refléter, même dans nos failles, la beauté de Celui que nous suivons.
Un appel à la cohérence
Alors, comment répondre à ce cri ?
Allons - nous nous épuiser à paraître parfaits ? Non. Car nous savons bien qu’il ne nous est pas possible d’atteindre la perfection par nos propres forces. Cela ne veut pas dire que nous n’avons rien à offrir. Nous pouvons répondre à ce cri en choisissant, jour après jour, la cohérence :
cohérence entre ce que nous croyons et ce que nous vivons,
cohérence dans nos paroles et dans nos gestes,
cohérence jusque dans nos faiblesses, que nous offrons humblement au Christ.
Être cohérent, c’est être vrai. C’est tomber et se relever. C’est reconnaître nos limites, mais garder le cap de l’Évangile. C’est accepter de rayonner non par nos propres forces, mais par la lumière du Christ qui transparaît dans nos vies.
Jésus nous rappelle :
« Vous êtes le sel de la terre » (Mt 5,13).
Un sel qui perd sa saveur ne sert plus à rien. Mais un chrétien, même fragile, qui reste fidèle à l’amour reçu, garde son goût. Et ce goût, c’est ce que le monde attend !
En fin de compte, l’appel à la cohérence n’est pas une condamnation. C’est une grâce. Une invitation à nous laisser façonner par le Christ pour devenir, malgré nos failles, de petits témoins crédibles de son amour.
Alors oui, le monde nous regarde et ce regard n’est pas une menace : il est une chance. Il nous rappelle notre mission : être signes vivants de l’Évangile.
Frères et sœurs, chers pèlerins, relevons ce défi avec confiance. Il est Noble, il est beau. Et si, à travers nous, d’autres peuvent dire : « Oui, Dieu est encore à l’œuvre aujourd’hui », alors notre mission sera accomplie.
📌 Focus : Cohérence ou perfection ?
Jésus dit dans l’Évangile :
« Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48).
On pourrait croire qu’Il demande une vie sans faute. Mais dans le contexte du Sermon sur la montagne, Jésus parle avant tout de l’amour parfait du Père : un amour qui se donne sans condition, même à ceux qui ne l’aiment pas.
Être « parfait », selon Jésus, ce n’est pas ne jamais tomber, mais apprendre à aimer comme Dieu aime. Et c’est là que la cohérence prend tout son sens :
Être cohérent c'est avancer chaque jour dans la fidélité, ce n'est pas atteindre la perfection humaine
C’est refuser l’hypocrisie, aligner nos paroles et nos actes, même dans la fragilité
C’est laisser Dieu façonner en nous son amour pour qu’il devienne visible au monde
En réalité, la cohérence est le chemin concret vers la perfection de l’amour demandée par Jésus. Nous ne serons jamais parfaits par nous-mêmes, mais en restant vrais et fidèles, nous laissons le Christ nous rendre participants de la perfection du Père.





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