top of page

Laisser Dieu être Dieu : quand notre libre arbitre limite son action

« Dieu, en effet, aime beaucoup que nous ne fixions pas de limites à ses œuvres. »(Sainte Thérèse d’Avila, 1D 1,4)

Dieu, respectueux jusqu’à l’extrême


Le bon Dieu est si grand. Il est sagesse infinie, puissance sans limite, amour absolu. Et pourtant, dans sa grandeur, Il se fait tout petit… juste pour respecter notre liberté. C’est fou quand on y pense : le Créateur de l’univers, celui qui commande à la mer de se calmer, attend humblement notre oui pour agir pleinement dans nos vies.


Je ne sais pas si on réalise vraiment la portée de cela : Dieu, qui peut tout, ne s’impose jamais. Il ne force pas la porte de notre cœur. Il frappe, doucement. Il se propose. Et Il attend qu’on ouvre (Ap 3,20).

Dans cet article, j’aimerais qu’on prenne conscience du pouvoir incroyable que Dieu nous confie à travers notre libre arbitre. C’est un don magnifique : celui de pouvoir choisir. Choisir d’aimer, choisir de suivre, choisir de faire confiance.


Mais ce même don peut aussi retenir Dieu à la porte…Parce que nos peurs, nos calculs, nos résistances deviennent parfois comme des murs — des murs qui empêchent la grâce de passer librement.


Si tu savais le don de Dieu


Quand nos limites deviennent les siennes


Je me souviens d’une période où tout semblait bloqué dans ma vie professionnelle.

Je priais beaucoup, mais mes prières ressemblaient plus à des plans d’action présentés à Dieu qu’à un vrai abandon : “Seigneur, fais que ça se passe ainsi… dans tel délai… avec telle personne…” Je croyais savoir ce qui était bon pour moi à ce moment-là.


Mais plus je priais ainsi, plus la frustration grandissait. Rien ne se passait comme prévu. Le stress et l’inquiétude m’envahissaient, au point que certaines nuits, je n’arrivais plus à dormir. Un jour, épuisée, j’ai simplement dit : “Bon Seigneur, j’en ai marre de vouloir tout contrôler. Fais ce que Toi, Tu veux. Même si je ne comprends pas.”


Et là… tout a changé.

Pas forcément extérieurement tout de suite, mais intérieurement, oui.

Une paix profonde a commencé à naître.

Les inquiétudes et les angoisses ont peu à peu laissé place à une douce quiétude.

Plus je m’abandonnais à la volonté de Dieu, plus je faisais l’expérience d’une grâce qui me dépassait. Un chemin s’est ouvert, différent de celui que j’avais imaginé, mais infiniment meilleur.


C’est là que j’ai compris — par expérience, pas seulement par intelligence — que Dieu agit à la mesure de la place qu’on Lui laisse. Quand je Le limite à mes plans, Il respecte mes limites. Mais quand je Lui dis : “Vas-y Seigneur, prends tout”, Il agit avec puissance et tendresse à la fois.


Cette expérience a profondément marqué ma foi.

Elle m’a fait réaliser que bien souvent, sans même le vouloir, nous érigeons des barrières entre Dieu et nous.


Ne mettons pas Dieu dans une boîte


Sainte Thérèse d’Avila l’exprimait avec une lucidité saisissante :

« Je sais très bien que nous n’avons pas à fixer de limites à Dieu. Dans un instant, il peut élever une âme à l’état le plus élevé de la faveur. »(6D 11,1)

Et pourtant, combien de fois faisons-nous exactement le contraire ? Combien de fois enfermons-nous Dieu dans nos raisonnements, nos conditions, nos délais ?


Sans nous en rendre compte, nous prions souvent comme si Dieu devait suivre notre logique, notre rythme, notre stratégie. Et quand les choses ne se passent pas comme prévu, nous nous décourageons, persuadés qu’Il ne fait rien…Alors qu’en réalité, c’est nous qui bloquons son action.

Dieu respecte tellement notre liberté qu’Il s’arrête là où nous plaçons nos limites. Mais dès qu’on lui ouvre grand la porte, Il agit avec puissance, tendresse et créativité.


La vraie prière, celle qui libère, c’est celle du Christ à Gethsémani :

« Seigneur, que ta volonté soit faite, non la mienne. » (Lc 22,42)

Cette prière là, c’est un abandon total, un acte de confiance pure. Elle nous fait peur, parce qu’elle nous invite à lâcher prise. Mais elle nous rend libres, parce qu’elle remet Dieu à sa juste place — et nous à la nôtre.


 Le libre arbitre, clef de la coopération


Le libre arbitre n’est pas un obstacle à la grâce, il en est la condition. Dieu ne veut pas des marionnettes, mais des fils et filles capables de lui répondre avec confiance. Par nos choix, nous devenons co-créateurs avec lui. Par nos peurs, nous mettons des freins à son œuvre. C’est pourquoi Jésus nous invite sans cesse à la foi :

“Ne crains pas, crois seulement.” (Mc 5,36)

Là où la peur enferme, la foi ouvre.

Là où le doute bloque, la confiance libère.

Là où nous disons “c’est impossible”, Dieu murmure : “laisse-moi faire”.


Laisser Dieu être Dieu


“Ô mon Dieu ! Ô Sagesse infinie ! Ô Amour, qui m’aimez plus que je ne puis m’aimer !”


Cette prière de Thérèse d’Avila est un cri d’amour, un élan de confiance absolue.

Elle nous invite à une leçon essentielle de la vie spirituelle : laisser Dieu être Dieu.

Car Lui seul sait ce dont nous avons vraiment besoin.

Lui seul connaît le chemin qui conduit à notre joie véritable.

Mais Il attend notre oui, notre consentement libre, notre cœur ouvert.


ne dit-il pas à la Samaritaine, sur le bord du puits :

« Si tu savais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » (Jn 4,10)

Si tu savais le don de Dieu…

Si seulement tu savais combien le Seigneur veut te combler,

tu ne retiendrais plus ta confiance,

tu ne mettrais plus de conditions à son action,

tu cesserais de craindre ce qu’il pourrait et est prêt de changer en toi.


Dieu veut te donner bien plus que ce que tu demandes.

Il veut t’offrir cette eau vive qui renouvelle, guérit, et fait jaillir la vie là où tu ne voyais que sécheresse.

Mais il ne peut la verser que dans un cœur ouvert.


Alors, déposons nos barrières, nos “oui, mais…”, nos résistances. Offrons-Lui nos fragilités, nos incompréhensions, nos blessures, et disons-Lui simplement, du fond du cœur : “Seigneur, que ta volonté soit "fête"!”




Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note

@Estelle FAKAM 2025

bottom of page